Lorsque nous avons appris l’existence du « vélotour », nous nous sommes dits : « Chouette ! Une manifestation, ludique, familiale, populaire ! Quelle bonne idée pour promouvoir l’usage du vélo !«
Le Vélotour, c’est quoi ? C’est « une fête unique en France articulée autour d’une balade insolite à vélo, dans votre ville, à allure libre et accessible à tous : hommes et femmes de 0 à 90 ans ! » peut-on lire sur le site officiel.
Le Vélotour c’est aussi un produit de consommation vendu clé en main à toutes les municipalités de France qui se laisseront tenter.
On y traverse des bâtiments publics, des jardins, et aussi des centres commerciaux qui ne manqueront pas de s’acheter une caution verte, sur le « greenwashing » touristique, en devenant partenaires. Tel les Dock Océane … et leur immense parking comme une verrue à coté du bassin Vauban (1).
Au Havre, le Vélotour tombait en même temps que la journée du patrimoine. Certains lieux publics étaient fermés au public pour laisser la place au Vélotour. Du coup, le Havre est la seule ville de France pour laquelle la journée du patrimoine était payante. Bravo !
Et bien oui, parce que cette balade « accessible à tous : hommes et femmes de 0 à 90 ans » est payante, donc accessible à tous … ceux qui ont les moyens de se payer des places de cinéma. Pour ceux qui n’auraient pas prévu à l’avance de s’inscrire, ce sera 12€ pour un adulte et 5€ pour un enfant. Le compte est vite fait pour une famille de 2 enfants : on ira se balader dans la forêt de Montgeon !
Certes, nous pouvons nous réjouir que chaque « bénévole » ramène 25 euros à l’association de son choix … Mais pourquoi la municipalité n’a pas tenu à assurer la gratuité de cette manifestation pour toutes et tous ses citoyens, dont ceux qui sont en difficultés financières ? On ne peut pas dire que c’est pour réduire les dépenses publiques, puisque le Vélotour a quand même couté à la ville le cinquième du LH-Forum (autre grosse tartuferie …). A croire que cette décision était purement idéologique. Le Vélotour est une entreprise dijonnaise, à but lucratif, créée il y a 8 ans par des étudiants d’école de commerce dans le cadre de leur projet de fin d’études. C’est tellement plus « économie positive » de subventionner des opérations médiatiques et privées que de soutenir la vie associative locale (2).
Où est l’esprit des Rondes Rollers accessibles à tous, des boucles de l’agglo qui ont eu lieu ce 28 septembre ? Où est l’esprit des fêtes de quartiers ou du feu d’artifice du 14 juillet ? Où est l’esprit de Royal de Luxe, qui avait rassemblé des milliers de havrais dans les rues, dans la joie et une sérénité incroyable ?
Eh ben non, maintenant, pour faire du vélo, il faut payer. Certes, c’était juste une journée, mais ce type d’événement participe à habituer tout à chacun à payer, sans rechigner, pour quoi que ce soit (en fait, ce sera au moins pour trois journées, puisque la ville s’est engagée pour trois éditions). Au point que dans l’imaginaire collectif « plus c’est payant, mieux c’est », en témoigne le succès de ce Vélotour (succès en nombre, pas nécessaire en satisfaction), à l’opposé des 364 autres jours de l’année où c’est gratuit avec moins de succès. Certes, d’autres initiatives pédalant dans le bon sens sont prises par la municipalité (3). Mais nous sommes quand même très sensibles et vigilants devant tous les signes d’extension de la marchandisation du Monde. L’extension des sphères de la gratuité fait partie de nos principales propositions, parce que, comme l’explique très bien Paul Ariès (4), elle permet de redonner sens à nos usages, de les questionner collectivement. Parce qu’elle permet de s’opposer à tous les ravages causés par le système capitaliste marchand.
Le temps est venu de relancer les Vélorutions dans notre ville (5). Les Vélorutions ont du sens, et « ils » le savent … les Vélorutionnaires parisiens du 22 septembre (le lendemain du Vélotour), s’en souviennent encore. (6) !
Au moins, durant les Vélorutions, les cyclistes ont la garantie de ne pas être condamnés à marcher à coté de leur vélo, voire même à ne pas avancer pendant des heures. Et pour ce qui est de traverser les lieux public, on en connaît même qui ont traversé les Dock en vélo-voiture (7). On n’a pas la preuve, mais le vigile s’en souvient encore !
Le ChOC
Quelques liens :
(1) http://www.velotour.fr/le-
(2) http://www.marsactu.fr/
(3) http://www.paris-normandie.fr/
(4) http://paularies.canalblog.
(5) http://lh-velorution.fr/
(6) http://www.reporterre.net/
(7) http://www.haute-normandie-