Au détour d’un article de Métro France, on apprend qu’à Nantes, « vélo et marche à pied remplacent la voiture« . On a vu récemment que Nantes était en pointe en matière de vélos triporteurs et biporteurs, car la métropole nantaise subventionne l’achat de ce type de vélos.
La Place Royale de Nantes il y a quelques années
La Place Royale aujourd’hui… sans voitures
Les derniers chiffres de mobilité montrent que les choses évoluent dans le bon sens à Nantes. Nantes métropole a mené en effet une grande enquête sur l’évolution des déplacements entre 2008 et 2012 (pdf). Résultat: la part de la voiture dans les déplacements est passée de 57% en 2008 à 50,9% en 2012. Et cette évolution concerne l’ensemble de l’aire urbaine de Nantes, pas seulement le centre-ville ou la commune.
La part du vélo est passée quant à elle de 2% en 2008 à 4,5% en 2012, une augmentation « plus importante que prévue ». Ce n’est pas encore le Pérou, mais c’est malgré tout une évolution notable. En outre, d’ici à 2014, l’aménagement de deux grands itinéraires cyclables nord-sud et est-ouest, devraient renforcer cette tendance. Ils rejoindront le cœur de Nantes: de Rezé à la place du Pont-Morand, et de Malakoff au quai de la Fosse.
Par ailleurs, Nantes Métropole a été désignée comme ville hôte pour la conférence mondiale Velo-city 2015, ce qui récompense une politique cyclable locale très active. En plus, c’est la première fois qu’une ville de moins d’un million d’habitants accueille le congrès Velo-city.
Les trajets piétons passent eux de 24% en 2008 à 26,8 % en 2012 alors que l’utilisation des transports collectifs reste stable, à 15,8%.
Et Nantes Métropole s’est dotée d’objectifs pour le moins ambitieux, d’ici à 2030, l’agglomération veut faire baisser la part des voitures à 40 %, et augmenter à 58% la marche, le vélo et les transports en commun. Nul doute que l’objectif pour 2050 sera de faire passer la part de la voiture à 20% puis à 0% en 2070!
Dans le même temps, l’aménagement de l’espace public se poursuit. En ce moment, la Place Graslin est en cours de rénovation avec pour objectif, là encore, d’évacuer les voitures.
La Place Graslin aujourd’hui… comme dans les années 1970.
Le projet d’aménagement de la Place Graslin (en cours)
Il ne s’agit pas ici d’apprécier l’éventuelle qualité architecturale des projets urbains, mais de constater que l’évacuation des voitures est un phénomène de fond à Nantes.
Et pour mettre en musique cette nouvelle politique, la ville de Nantes a eu la bonne idée d’éditer un Guide intitulé « Tout savoir pour se déplacer dans le centre-ville » (pdf).
On peut y voir des cartes plutôt intéressantes comme celle-ci qui montre l’extension des espaces piétonniers sur la période récente. Bien sûr, cela concerne « seulement » quelques dizaines de rues, à comparer aux centaines de rues de la ville, mais ce sont des rues ou des places emblématiques, centrales et parfois fondamentales pour la traversée du centre.
Sur cette autre carte, la ville de Nantes compare les temps de parcours selon les modes de déplacement pour rejoindre les deux extrêmes du centre-ville, de la place Graslin à l’Ouest au Musée des Beaux-Arts à l’Est, soit sur environ 1.400 mètres en ligne droite. Selon cette comparaison, la voiture est à peine plus rapide que le piéton car elle doit faire un parcours de plus de 2.000 mètres pour rejoindre sa destination. Le vélo est près de deux fois plus rapide que la voiture pour traverser le centre de la ville d’Est en Ouest.
Également, on apprend dans ce guide que la zone limitée à 30 km/h est passée à Nantes de 10 à 100 hectares, une belle progression avant d’envisager une généralisation complète à l’échelle de la ville?
Dans le même temps, le Cours des 50 otages, l’artère centrale de Nantes qui traverse la ville du Nord au Sud, va être encore plus contrainte pour la voiture avec pour objectif d’enlever 10.000 véhicules/jour. Il faut quand même rappeler que cet axe central avait 7 files de circulation automobile dans les années 1970! Aujourd’hui, il bénéficie du tramway et d’une future allée centrale réservée aux vélos alors que dans le même temps, plus de 50.000 piétons le fréquentent chaque jour!
On le voit, pour faire diminuer la part de l’automobile dans les déplacements, il ne suffit pas de proposer des alternatives en tablant sur le fait que les automobilistes sont des gens intelligents qui abandonneront leur voiture si on leur fournit des espaces piétonniers ou des pistes cyclables. La clé de la réussite, c’est plutôt la capacité à supprimer l’espace automobile. En fermant les voies et les places à la circulation automobile, vous contraignez tellement la circulation automobile que cela devient un calvaire de prendre sa voiture au quotidien, surtout quand on fait en plus ses comptes à la fin du mois…
Nantes semble donc sur la bonne voie en matière de mobilité urbaine. La ville de Jean-Marc Ayrault voudrait-elle faire oublier sa passion inavouable pour le bétonnage d’aéroports inutiles en pleine nature?
Source : http://carfree.free.fr/index.php/2013/02/05/comment-evacuer-les-voitures-lexemple-nantais/