Les bénéfices sanitaires liés à la pratique vélo pourraient être 20 fois supérieur au risque encouru
Stanislas Kraland, HuffingtonPost
Les cyclistes ne savent pas se tenir. Ils brûlent les feux, sont silencieux et -comble de l’incivilité- ils ne mettent jamais leur clignotant. Bref, en milieu urbain, ce sont de véritables plaies mouvantes dont chacun aurait mille raisons de se plaindre. A ceci près que nous ferions tous beaucoup mieux de les imiter.
À en croire une étude très sérieuse publiée par l’Observatoire régional de la santé en Île-de-France, les bénéfices sanitaires d’une pratique régulière du vélo seraient 20 fois supérieurs aux risques encourus. Ses résultats vont même plus loin puisque faire du vélo serait non seulement meilleur pour le moral, mais réduirait aussi le nombre d’accidents.
L’observatoire régional de la santé ne s’est pas uniquement basé sur des faits, mais aussi sur deux projections. Dans chacune, le nombre de cyclistes atteint les 20% à l’horizon 2020, contre 2% en région parisienne aujourd’hui. Dans le premier scénario, ce sont les utilisateurs de transports en commun qui se sont reportés vers le vélo. Dans le second, les automobilistes.
A vos pédales
Un bénéfice 20 fois plus important que le risque, cela parait hautement improbable. L’étude avance pourtant plusieurs facteurs qui expliquent ce résultat. Tout d’abord, l’augmentation du risque d’accident n’est pas proportionnel à l’augmentation du nombre de cyclistes. En d’autres termes, plus les cyclistes sont nombreux moins le risque d’accident est grand. De quoi tordre le cou à une idée reçue largement répandue. Pour preuve, ce graphique (p.32) qui compare l’augmentation du nombre de cyclistes au nombre d’accidents:
De manière générale, plus la population fait de vélo, meilleure elle est en forme. En 2020, ce seraient en tout 2745 individus qui seraient sauvés, grâce aux seuls bénéfices en terme de maladies. A cela, il faut néanmoins ajouter 16 tués en plus: 7 cyclistes et 9 piétons.
… Ou pas
Malheureusement les bénéfices sanitaires ne sont pas partout les mêmes. Si un nombre plus important de cyclistes sur les routes diminue le risque d’accident, tous les cyclistes ne sont pas égaux face à ce risque. C’est le cas des parisiens dont le risque d’accident est plus élevé, par rapport aux cyclistes des petites et grandes couronnes.
De la même manière, le risque d’exposition à la pollution est plus important en ville qu’en périphérie. Si vous pédalez en ville, cela reste la double peine. Car au risque d’accident, il faut ajouter que vous avez statistiquement plus de chances de souffrir de maladies respiratoires. Du coup au Huffington Post on s’interroge: cancer du poumon ou fermes mollets, on ne sait plus vraiment à quel saint se vouer.
Bonne nouvelle, le choix de l’itinéraire fait une véritable différence. Cela semble aller de soi, mais on n’y pense pas forcément: emprunter des rues peu fréquentées plutôt que des boulevards surchargés limite notre exposition à la pollution.
Plus de vélos = moins de pollution
Oubliez tout ce qu’on vient de vous dire, et faites du vélo. La grande découverte de cette étude: plus on pédale, moins on a le pied sur l’accélérateur. L’étude montre que l’augmentation de la pratique du vélo en Île-de-France génère de nombreux co-bénéfices : baisse du nombre de kilomètres parcours en voiture (entre 41 millions et 2,4 milliards), baisse des émissions de particules fines (entre 900 kilos et 51 tonnes), baisse des émissions de gaz à effet de serre (entre 10 500 et 577 000 tonnes). Et si les chiffres varient autant, c’est en fonction des deux scénarios. L’un d’entre eux prévoyant un report massif des automobilistes vers le vélo.
En toute logique, cette étude milite pour l’abandon de la voiture et un usage accru du vélo. Faire du vélo est bon pour sa santé, et celle des autres. Surtout, plus on multiplie sa pratique, plus les bénéfices sont grands. Espérons que la tendance actuelle de diminution du nombre de voiture pour une augmentation du nombre de cycliste se poursuive, et surtout que celle-ci soit encouragée. Manifestement, tout le monde a à y gagner.